Distribution alimentaire

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Entre les façades montantes de Ménilmontant, la porte de Notre-Dame-de-la-Croix (19e) s’ouvre chaque été comme un souffle. À l’intérieur, le temps semble ralentir. On y entre d’abord pour un sac de provisions — quelques fruits, du pain, de quoi tenir. Mais très vite, on comprend que l’essentiel se joue ailleurs, dans ces gestes minuscules qui tiennent debout ceux que l’été abandonne.

Dans la file d’attente, les silhouettes se succèdent, discrètes. Un homme pose sa main sur son cœur pour remercier. Une mère réajuste la casquette d’un enfant avant de s’avancer. Une femme, les yeux encore marqués par la nuit, esquisse un sourire lorsqu’on l’appelle par son prénom. Ce sont des visages que la ville regarde trop vite, mais qui révèlent, lorsqu’on s’arrête enfin, une humanité profonde.

Les bénévoles, eux, offrent bien plus que des colis : ils offrent une présence. Une phrase échangée, une écoute légère, un regard qui ne juge pas. Parfois même, un rire partagé vient fissurer les lourdeurs du quotidien. On repart avec un sac plein, oui — mais aussi un peu plus vivant.

Dans ce lieu simple, tout devient fragile et beau à la fois. La dignité reprend sa place. L’espoir, timide, trouve une chaise où s’asseoir. Et l’on se surprend à croire que la solidarité, lorsqu’elle s’incarne ainsi, peut vraiment tenir chaud.

Sous la voûte de cette église, l’été n’efface personne.