Une conversation photographique sur la création en Bretagne

Depuis septembre 2024, je mène un travail photographique au long cours auprès d’artistes contemporains installés en Bretagne. Peintres, sculpteurs, plasticiens : leurs univers ne se ressemblent pas, mais tous partagent un même ancrage territorial, une même fidélité au lieu. Loin des centres de visibilité nationaux, ils créent ici, dans un rapport au monde à la fois concret et poétique.

Les ateliers du large est né d’un désir de rencontre. Photographier ces artistes, c’est photographier des manières d’habiter la création : un geste, une lumière, une solitude. Je travaille en argentique, au moyen format carré (6×6), dans une économie d’images volontaire. Le noir et blanc intemporel crée une distance avec le spectaculaire, pour privilégier l’intimité du processus créatif.

Chaque portrait est accompagné d’un texte issu de la conversation avec l’artiste — un récit qui mêle ses mots et mon regard. Ensemble, ils composent une archive visuelle et narrative de la création contemporaine en Bretagne (2024-2026), entre intimité de l’atelier et ancrage au territoire.

Les questions qui traversent le projet

À travers ces visages et ces voix, plusieurs interrogations se tissent d’un atelier à l’autre :

• Y a-t-il une identité bretonne dans l’art contemporain ? Ou plutôt : comment un territoire influence-t-il une pratique, sans la réduire à du folklore ou à une assignation identitaire ?
• Comment être artiste loin du centre ? Entre liberté et invisibilité, autonomie et isolement, que signifie construire une œuvre depuis la périphérie ?
• Que transmettent les générations qui se succèdent ? Comment dialoguent les anciens et les émergents ? Les héritages se prolongent-ils, ou chaque génération réinvente-t-elle sa relation au territoire ?

Ces questions ne trouvent pas de réponse définitive. Elles se déploient à travers vingt-huit portraits — de Jacques Godin à Emma Seferian, de Ricardo Cavallo à Charlotte Vitaioli — qui témoignent d’une Bretagne artistique plurielle, traversée de tensions et de vitalité.

Une structure en trois mouvements

Le projet se construit autour de trois générations d’artistes, qui permettent de restituer la profondeur temporelle de la scène bretonne :

Les ancrés — Figures confirmées dont la pratique s’est construite sur plusieurs décennies. Leur présence incarne la continuité d’une création exigeante, loin des effets de mode.

Les héritiers — Artistes d’une génération intermédiaire (40-65 ans), engagés dans une recherche personnelle entre héritage et modernité. Ils travaillent souvent dans l’ombre des aînés, cherchant leur propre légitimité tout en maintenant un dialogue avec la tradition.

Les émergents — Voix nouvelles, plus souvent féminines, qui redessinent le rapport au territoire et aux médiums contemporains (installation, performance, vidéo, céramique). Ces artistes interrogent autrement la notion d’ancrage territorial, en tension avec une circulation accrue des formes et des discours.

Ces trois ensembles dialoguent entre eux. L’enjeu n’est pas de hiérarchiser, mais de faire cohabiter des pratiques différentes dans un même espace visuel et narratif.

Un projet à double vie : livre et exposition

Les ateliers du large se déploiera sous deux formes complémentaires :

Le livre photographique

Un ouvrage de 180-190 pages au format carré (24 × 24 cm), composé de :

• 28 chapitres de 6 pages (portrait photographique, texte de conversation, reproductions d’œuvres, respiration visuelle)
• Une préface par un(e) critique ou commissaire d’exposition
• Une postface réflexive sur la création en Bretagne aujourd’hui

Le livre s’adresse à un public d’amateurs d’art, de lecteurs d’essais visuels et de curieux du territoire. Il ne prétend pas à l’exhaustivité mais propose une traversée incarnée, sensible, intergénérationnelle.

L’exposition

Présentation d’environ 40 tirages argentiques noir et blanc (40 × 40 ou 50 × 50 cm), accompagnés de fragments de texte et de reproductions d’œuvres. La scénographie, sobre et modulable, permettra une circulation itinérante dans plusieurs lieux bretons (musées, centres d’art, galeries associatives).

Avancement et perspectives

Où en est le projet ?
À ce jour (novembre 2025), 21 artistes ont été rencontrés et photographiés à travers les quatre départements bretons : Finistère, Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine, Morbihan. Les prises de vue se poursuivent jusqu’au printemps 2026.

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Contact et informations

Pour suivre l’avancement du projet, recevoir des informations sur l’exposition ou le livre, ou proposer des collaborations :

François LE PAGE
Photographe
lepagefrancois@hotmail.fr
06 63 02 11 71

« Dans les ateliers, je photographie la poussière, les outils, les murs chargés de mémoire. La photographie devient une manière d’écouter. Chaque portrait constitue une archive visuelle du territoire artistique breton, ancrée dans une temporalité donnée. »